eglise 1.JPG
eglise 3.jpg

L’église Saint-Médard – du nom du saint patron dont dérive le nom de Saint-Mard – est un vaste vaisseau roman dont l’ampleur témoigne de l’importance de la population résidant autrefois dans ce village, au carrefour de deux voies anciennes : de Longny à Mortagne, d’une part, de Villiers à Loisail d’autre part. À titre indicatif (et bien que ces chiffres soient postérieurs de près de 800 ans à la construction de l’édifice, on sait que 1419 habitants résidaient en 1827 dans le bourg et les campagnes).

C’est donc vraisemblablement au XIIe siècle qu’a été construit cet édifice : en témoignent l’abside semi circulaire, l’arc roman du porche dans lequel a été insérée la grille en fer forgé, les bases du clocher massif, les petites baies en plein cintre encore visibles au nord (à gauche, vers la place) et surtout au sud (à droite, vers l’ancien cimetière), et les « corbeaux » de pierre qui soutiennent les sablières de ce même côté. Il faut dire qu’un cimetière entourait entièrement l’église jusqu’en 1843, date à laquelle il fut déplacé à la sortie du bourg, en face de la mairie. Des ossements humains témoignent d’ailleurs de cette affectation disparue, dès lors que l’on creuse un peu le niveau du petit jardin qui l’a remplacé.

Comme c’est souvent le cas pour ces églises rurales, les chantiers de réparation et d’embellissement se sont enchaînés au fil des siècles, y-compris durant des périodes troublées comme la guerre de Cent ans. C’est ainsi que la récente campagne de travaux de réfection de la toiture a révélé, à la surprise générale, que la majeure partie de la charpente de la nef et du chœur avait été réalisée entre 1380 et 1412, au milieu même du conflit, peut être lors d’une période de trève. De même, à la suite d’un effondrement ou d’une destruction du clocher, celui-ci a visiblement été surélevé et couvert d’un toit en « bâtière », au XVIe siècle tandis qu’une tour d’escalier était insérée à l’intérieur pour accéder à la « chambre des cloches » et, plus tard, à la tribune.

Mais la période d’aménagement et de décoration intérieure la plus spectaculaire coïncide avec le XVIIe siècle, période dite de la « Contre-Réforme » consécutive au Guerres de Religion. C’est alors qu’est réalisé, sans doute par un artisan local inspiré par les modèles venus des environs de Laval, le retable principal, avec ses colonnes torses autour desquelles s’enroulent des sarments de vigne, ses niches dans lesquelles étaient abritées des statues plus anciennes (notamment Saint-Sébastien et Saint-Roch), son fronton dédié à la statue de Saint-Médard et son tabernacle. Cet ensemble, avec les retables latéraux plus tardifs, a été classé monument historique en 1966.

Il faut également rattacher à cette période la très belle peinture sur toile, une Donation du rosaire signée « Érable », du nom d’un peintre attesté à Mortagne et allié à la famille Boucher, des maîtres maçons et tailleurs de pierre dont l’un des membres, Guillaume Boucher, est attesté dans les années 1630 comme l’auteur de l’ancien retable de l’église Notre-Dame et de Bellavilliers.

Ce siècle très fécond a sans doute aussi coïncidé avec l’aménagement de la « chambre de charité », à gauche en bas de la nef, dans laquelle se réunissaient les membres de la confrérie vouée à l’accompagnement de la mort mais aussi au soutien des plus déshérités (préfigurant ainsi les pompes funèbres et les bureaux de bienfaisance). Une sélection des ornements, des bannières et des luminaires est conservée dans le petit musée installé dans ce local, accessible lors des cérémonies, des Journées du patrimoine et sur rendez-vous (contacter la mairie).

La liste des trésors de l’église Saint-Médard ne s’arrête pas là. Il faut y ajouter le beau Christ du XVIIIe siècle, suspendu en haut de la nef et qui provient sans doute de l’ancienne « poutre de gloire ». De même, la chaire à prêcher datée 1768 et signée P. Fraboulet, du nom d’un artisan mortagnais qui a travaillé dans plusieurs hôtels urbains de la rue des Tailles à Mortagne. Ces deux éléments ont été classés en 1972.
​​​​​​​
Mais le vestige le plus remarquable de l’édifice, également classé, est sans doute la clôture de chœur en bois sculpté et polychromé, ornée de portraits inscrits dans des médaillons entourés de figures chimériques, qui date de la Renaissance. Ce dispositif exceptionnel provenant de l’ancienne chartreuse du Valdieu, a dû être adapté et installé à la Restauration, de même que les stalles qui y sont adossées. On sait en effet que plusieurs vestiges de l’abbaye ont été sauvés et répartis aussi bien à la bibliothèque et au musée d’Alençon que dans des églises voisines, au premier rang desquelles Notre-Dame de Mortagne.

Il faudrait encore citer le banc d’œuvre, le siège du célébrant et les tabourets de chantres, inscrits à l’inventaire des monuments historiques, ainsi que toute la paramentique (les ornements liturgiques) conservée dans la sacristie, et de belles pièces d’orfèvrerie du XIXe siècle.

C’est pour permettre aux visiteurs de découvrir cet ensemble exceptionnel que la municipalité et l’association « Patrimoine de Saint-Mard », soutenus par le Conseil régional de Normandie, en partenariat avec la Fondation du patrimoine, ont engagé la création d’une grille en fer forgé, confiée aux soins de la ferronnerie Picard-Dubosq de Gouville-sur-Mer dans la Manche (dont le palmarès comporte notamment la restauration de la grille de la Surintendance du château de Versailles).

eglise 4.png
eglise 2.JPG